La honte est l’une des émotions les plus puissantes et les plus archaïques que nous puissions éprouver. Eminemment sociale, elle ne se manifeste qu’au contact des autres. Jetant un doute sur la valeur et la légitimité de notre être, elle nous empêche d’être pleinement nous-mêmes dans la relation. En elle s’enracinent tous les non-dits et donc la cause de tous nos problèmes récurrents.

Morphologie d’une émotion

La honte s’attaque au coeur même de notre personne. Nous éprouvons un sentiment de honte lorsque nous sommes convaincus de notre insuffisance intrinsèque. C’est la légitimité même de notre être qui est remise en question. Irrémédiablement défectueux, nous nous sentons inférieur aux autres. Comme nous nous sentons incapables d’être à la hauteur de leurs attentes, nous craignons qu’ils nous rejettent. Pour nous, une telle exclusion équivaudrait à la mort.

C’est pourquoi, nous mettons tant de soins à dissimuler notre tare fondamentale aux yeux des autres. La honte est indissociable du secret. C’est la honte qui crée le secret mais c’est le secret qui justifie et perpétue la honte.

La honte agit à la manière d’un virus. Emotion protéiforme, elle contamine une large part de notre personnalité. Rares sont les aspects de nous-mêmes qui échappent à ses ravages. Nous souffrons d’être trop ceci ou pas assez cela.

La honte affecte profondément la manière dont nous entrons en relation avec les autres. Elle réduit fortement notre capacité à communiquer directement avec eux et à nous assumer tels que nous sommes.

Les facteurs déclencheurs

Pour l’enfant, le fait de ne pas avoir été désiré par sa mère est l’un motif de honte les plus puissants qui puissent exister. Certains bébés prennent déjà conscience de ce rejet in utero. Ils le vivent comme une condamnation sans appel de leur être. S’ils voient malgré tout le jour, ils sont constamment terrassés par la honte. Ils ont le sentiment d’être venu au monde sans y avoir été invités. Jacques de Panafieu avait l’habitude de relater le témoignage de l’une de ses patientes. Cell-ci avait survécu à une tentative d’avortement. Minée par la honte et la culpabilité, elle lui avait confié: « J’ignore pourquoi mais je me suis accrochée ».

Le sentiment de honte se développe plus communément durant la très petite enfance. Son apparition précède souvent celle de la parole. Les capacités cérébrales du petit enfant ne lui permettent pas encore de comprendre les situations de manière objective. Il peine à faire le lien entre ses actions et les reproches dont on peut parfois l’accabler. Son discernement est d’autant plus faible que son état de vulnérabilité est extrême. Il est totalement à la merci des adultes qui l’entourent. La moindre émotion de ses parents prend pour lui des proportions cataclysmiques.

Un cas pratique

Imaginons, par exemple, qu’en rentrant chez lui, un homme se mette à hurler sur son jeune fils dont la chambre est en désordre. Celui-ci n’a pas la maturité nécessaire pour prendre du recul. Il est incapable de se dire: « Avec cette grève des transports, il était presque impossible de circuler en ville aujourd’hui. Je comprends que mon père soit stressé. Et pour ne rien arranger, son chef est caractériel. Je sais que cela rend son travail difficile. La moindre broutille le fait donc sortir de ses gonds. Je sais que cela n’a rien de personnel. »

Incapable de comprendre ce qu’est « une chambre rangée », la colère de son père lui paraît inexplicable et terrifiante. A cet âge, son père incarne encore à ses yeux une sorte de divinité parfaite et omnipotente. Il se dit qu’il a dû l’irriter en commentant une faute. Il n’arrive cependant pas à déterminer laquelle.

Au final, l’enfant en arrivera à la conclusion que ce ne sont pas ses actions qui sont en cause. C’est lui qui pose problème! Il n’est tout simplement pas à la hauteur des attentes légitimes de son père. Cette idée le marque au fer rouge. Elle influencera de manière définitive sa perception de lui-même.

Honte et attitudes figées

Cette conclusion ne se transforme cependant pas en attitude figée. Il subsiste en effet un doute. L’enfant n’a pas vraiment compris la colère de son père. Il reste plongé dans la perplexité. C’est la présence ou l’absence de cette incertitude qui déterminera si un traumatisme provoquera l’apparition d’un sentiment de honte ou d’une attitude figée. Alors que la honte est engendrée par la confusion mentale, l’attitude figée se construit sur une évidence.

Jean-Christophe Vidal


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