Un problème perdure uniquement parce que la personne qui s’y trouve confrontée est incapable d’en faire entièrement le tour. Or, il est impossible de résoudre une équation à partir d’un énoncé incomplet. La seule solution consiste donc à lui donner la possibilité d’en verbaliser la totalité des aspects. La solution émergera alors d’elle-même et avec elle, l’énergie pour la mettre en œuvre. En théorie cela paraît simple et accessible. Chacun peut croire qu’il peut s’improviser clarificateur. Le maniement des outils de la Clarification s’avère cependant beaucoup plus subtil qu’il n’y parait

Un processus délicat

Au cours d’une séance de Clarification, le coaché passe en effet par un changement de perspective dont il ne faut pas sous-estimer la profondeur. Devenir conscient de la totalité des aspects d’un problème est loin d’être anodin. Ce que le coaché comprend de lui-même et de sa situation s’en trouve radicalement métamorphosé. C’est un peu comme si on passait d’une vision à 30° à une vision à 360°. Accompagner le coaché dans un processus aussi délicat demande donc beaucoup de savoir-faire et de doigté.

Une affaire de confiance

La réussite d’une séance de Clarification dépend en grande partie du degré d’investissement du coaché. Pour avancer vers sa solution, celui-ci doit accepter d’aborder sans tabou un sujet qui le préoccupe de manière sérieuse. Il doit prendre le risque d’aller jusqu’au bout de sa vérité subjective en exprimant la totalité des pensées et des émotions liées à son problème. S’il oublie un aspect de la situation, celui-ci continuera à le parasiter jusqu’à ce qu’il ait été reconnu et verbalisé. La règle de l’honnêteté radicale est d’autant plus incontournable que l’implication du coach est à la mesure de celle du coaché. Si ce dernier n’est pas décidé à aller jusqu’au « fond de la casserole », les réponses du coach perdrons en force et en efficience. Pour amener le coaché à cet état de vulnérabilité, le clarificateur doit d’abord gagner sa confiance par la qualité de son savoir-être et l’étendue de son savoir-faire. Maintenir coûte que coûte le coaché sur son sujet n’a rien d’évident. Il est impossible de le faire sans un véritable apprentissage. Lorsque le coaché semble avoir tout dit en déclarant: « je suis au bout du rouleau », il faut que le coach ait une posture sacrément stable pour oser lui répondre : « Vous pouvez préciser ce que vous entendez par « au bout du rouleau » ?

Laisser le temps au temps

Pour mener sa tâche à bien, le coach ne doit pas seulement savoir gérer les émotions de son client. Il lui faut également surmonter son propre stress. Soumis à une forte obligation de résultat, il craint de se montrer incapable de venir en aide à son coaché. Un échec risque de nuire à sa légitimité. D’où la tentation de poser un diagnostic prématuré et d’explorer précipitament toutes les pistes de solution qui s’offrent à lui. Travaillant à partir d’un aperçu très incomplet de la situation n’est pas sans risque pour le coach. Il peut confondre le problème avec ses symptômes. Seule l’expérience va permettre au clarificateur d’éviter ce piège. Ce n’est qu’après avoir complètement assimilé la théorie de la Clarification et appris à maîtriser ses outils, qu’il pourra donner tranquillement à son coaché le temps qui lui est nécessaire pour laisser émerger la vision complète de sa situation.

L’autre est différent

Le coach connait les lois du Mental. Son rôle consiste à travailler sur celui du coaché en évitant autant que possible d’impliquer le sien dans le processus. Lorsqu’il dérape, on parle de projection. Le Clarificateur confond alors son expérience avec celle du coaché. Imaginons un homme qui se plaindrait d’être systématiquement interrompu par son chef. N’importe qui peut s’identifier à cette situation banale et se dire : « C’est bon, je vois exactement ce dont il vaut parler. Je n’ai plus besoin d’écouter. » En se mettant ainsi à la place de son coaché, le clarificateur le met dans une situation impossible. Il le retient à la surface de lui-même et l’empêche de trouver sa propre solution. Pour jouer pleinement son rôle, le clarificateur doit renoncer à paraitre rapide et intelligent pour adopter une posture épurée et profondément humaine. Mais là encore, une telle posture ne s’improvise pa

Conclusion

Avec son diagnostic universel et sa boîte à outil simplifiée, la Clarification peut apparaître à certains comme une solution de facilité. Ce serait méconnaître la subtilité d’une approche dont la pratique requiert de réelles qualités d’être ainsi que la maîtrise approfondie d’une palette de techniques précises et bien rodées.

Jean-Christophe Vidal

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