Situé au plus bas de l’échelle, le niveau -1 est celui de l’isolement absolu. La personne qui s’y trouve coincée a perdu toute confiance en ses semblables. Elle s’est complètement repliée sur elle-même et a renoncé à tout espoir de communication directe. Littéralement murée dans sa souffrance, elle est en général incapable de recevoir de l’aide.
Vivons cachés pour mieux survivre
Pétrie de honte et de culpabilité, une personne de ce type ressent un besoin compulsif de dissimuler des pans entiers de sa vie et de sa personnalité. Il lui semble impossible de parler d’elle de manière libre et spontanée. Ses émotions et ses ressentis lui paraissant inadéquats, elle va sans cesse chercher à les maquiller pour les rendre plus acceptables aux yeux des autres. Cette dissimulation constante la conduit à se couper de sa propre vie intérieure. Hagarde, confuse, ne sachant même plus ce qu’elle éprouve, elle se réduit à ne plus être qu’une coquille vide. Ayant perdu la capacité de vivre, elle se contente de survivre.
Une vie en ruine
Une personne située au Niveau -1 aura tendance à se désintéresser des exigences concrètes et fondamentales de son quotidien. Menant une existence chaotique, elle se montrera par exemple incapable d’assurer sa subsistance la plus élémentaire. Elle n’est pas toujours certaine d’avoir un toit sur la tête et de la nourriture dans son assiette. Il n’est pas rare que les personnes de ce type souffrent de problèmes de santé chroniques. Leur absence de structure psychique les pousse à négliger ou à refuser l’aide médicale qui leur serait nécessaire. Aspirées par le trou noir de leur malheur, de telles personnes ne sont plus en mesure de prendre soin d’elles-mêmes.
Une solitude asphyxiante
Est-il vraiment besoin de préciser que les personnes du Niveau -1 éprouvent une difficulté presque insurmontable à s’engager dans une relation de couple stable et durable? Mais ce n’est malheureusement pas tout. Sans amis véritables, elles vivent seules et isolées. Certains tentent parfois de faire illusion en insistant ostensiblement sur le nombre de leurs « amis ». En y regardant de plus près, ces grandes amitiés se réduisent souvent à des relations aussi lointaines que superficielles. Les rares individus avec lesquels ils réussissent tout de même à entrer en contact partagent une grande partie de leurs dysfonctionnements.
Pas d’avenir pour les victimes!
Les personnes du niveau -1 partagent une autre caractéristique: elles vivent leur existence en victimes. Tout semble constamment se liguer contre elles. Cette injustice flagrante les conduit au désespoir et à la démission. Renonçant à assumer la responsabilité de leur destin, elles sombrent dans l’amertume et l’apathie.
Des cas désespérés
Tenter de venir en aide à ce type de personnes est coûteux en temps et en énergie. Il s’agit d’ordinaire d’un investissement à perte tant les résultats sont minimes. Obsédées par l’ampleur des catastrophes qu’elles subissent, ces personnes ne sont pas disposées à travailler sur elles-mes. Elles sont si peu intéressées par ce type de démarche qu’elles cessent rapidement de se présenter aux rendez-vous.
Ces personnes ont avant tout besoin d’une aide d’urgence qui leur permettra de sortir de la confusion et de l’incohérence. Il faut au plus vite les aider à recouvrer un minimum de stabilité psychique. Le traitement de ces personnes n’est pas du ressort des coaches et des thérapeutes. Il relève plutôt de la responsabilité des institutions sanitaires et sociales.
Le cas de Bruno
Terminons sur une note d’optimisme. Broyées par les épreuves de la vie, de nombreuses personnes se referment sur elles-mêmes. En se coupant ainsi des autres, elles perdent également le contact avec la réalité elle-même. Il existe cependant des exceptions. Près de chez moi, il m’arrive régulièrement de croiser Bruno, un homme qui, comme beaucoup d’autres, est contraint de dormir dans la rue. S’il en a honte, et fait de son mieux pour dissimuler l’horreur de sa situation, il n’a jamais perdu le lien avec ses semblables. Bruno continue coûte que coûte à gagner sa vie en accomplissant d’innombrables petits boulots. En dépits de tous ses malheurs, il n’a pas cédé à la tentation de l’isolement. Il continue héroïquement à prendre sa vie en main et à assumer ses responsabilités au quotidien. Bruno a réussi à ne pas dégringoler au Niveau-1.
Pour résumer :
Une personne qui se situe au Niveau -1 de l’échelle des cinq niveaux de communication, se reconnaît souvent aux quelques caractéristiques suivantes:
-Une solitude absolue: la personne s’isole parce qu’il lui est insupportable d’entrer en relation avec les autres.
-Une absence de communication directe: la personne se montre radicalement incapable de parler d’elle de manière sincère et sensible.
-Un refus de se confronter à la réalité: la personne se complaît dans un monde de rêves et de préjugés et se garde bien de s’exposer de manière concrète et directe au monde extérieur.
-Un statut de victime: persuadée d’être en butte à l’hostilité constante du monde et des hommes, la personne ne veut ni ne peut prendre la responsabilité de sa vie et de ses actes.
Jean-Christophe Vidal
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